Témoignage du père Maxime Gaume
servant à la 2e DB, qui avait été désigné pour assister les condamnés :
"Après que la décision eut été prise à l'état-major de la division de
fusiller les prisonniers sans jugement, le père Fouquet, aumônier
divisionnaire, me donna l'ordre d'assister ceux-ci dans leurs derniers
moments.
"Le jeune lieutenant qui reçut l'ordre de commander le peloton
d'exécution n'appartenait pas d'ailleurs à mon unité et était
complètement affolé d'avoir à exécuter un pareil ordre, se demandant
même s'il n'allait pas refuser d'obéir.
"Il résolut alors de faire au moins tout ce qui était en son pouvoir
pour adoucir les derniers instants des victimes et communia même avec
eux avant l'exécution."
"Les onze hommes avaient été amenés en camion de Bad Reichenhall où se
trouvait l'E.M. de la 2e DB, jusqu'à Karlstein. Un seul refusa les
secours de la religion ; trois d'entre eux déclarèrent n'avoir aucun
message à faire transmettre à leur famille."
"La fusillade se fit en trois fois : par groupe de quatre, de sorte que
les derniers virent tomber leurs camarades sous leurs yeux. Tous
refusèrent d'avoir les yeux bandés et tombèrent bravement aux cris de "Vive la France".
"Parmi les quatre derniers se trouvaient le lieutenant Briffaut et,
probablemant le soldat Payras. Conformément aux instructions reçues, je
laissai les corps sur place, mais je m'adressai à des soldats américains
cantonnés dans les environs, leur recommandant d'enterrer les corps, ce
qui fut fait quelques jours plus tard."